“Je m’appelle Jérémy Kohlmann, et je suis un Conteur Moderne ». Quand j’annonce cela, fièrement, chez un nouveau client ou dans un événement networking, on me regarde toujours avec de grands yeux.
– Et ça se manifeste comment ?
– Je suis raconteur d’histoires, mais professionnel !
– Well, cet homme est un génie incompris ou un gros débile.
Le propos est simple : ce qui nous lie en tant qu’humain, ce sont les histoires que nous nous racontons.
Le marketing est la mise en lumière de l’histoire, le social media est un nouveau lieu avec de nouveaux codes pour les raconter, et l’e-commerce est une grande histoire bien positionnée avec plein de petites histoires dedans.
Tout n’est que discours, image, texte – on se raconte des choses.
Dans la vraie vie, je suis blogueur, coach en comm digitale et j’accompagne souvent des entrepreneurs, des dirigeants, des entreprises, à une prise de parole plus juste sur les réseaux sociaux, dans les blogs, etc. Ce qui me marque le plus souvent, est la méconnaissance de la façon de délivrer un message. On a simplement oublié, comme si on pouvait vendre n’importe quoi sur Internet.
C’est là que m’est venue l’idée des Conteurs Modernes. Des personnes qui se réunissent autour d’un blog, et qui parlent de belles histoires – sans se voiler la face. Les histoires sont souvent là pour vendre, utilisons les mots à bon escient, tout le monde peut l’apprendre.
Je me souviens d’une cliente qui, après qu’on ait mis son histoire en forme, pour la diffuser plus largement, m’a dit : “Ah mais en fait, tu rentres dans la tête des gens et tu mets en lumière ce qu’ils veulent dire, comme ils ne savent pas comment le faire…”
C’est toujours un choc la première fois, quand on met les mots justes et dans le bon ordre.
Je me bats quotidiennement pour que le storytelling soit connu, reconnu et que l’on comprenne que l’on n’est pas obligé de parler d’Inbound Marketing ou de Storytelling de marque, ou encore de Brand Content, pour raconter de belles histoires qui donnent envie et qui font demain, un marketing et une publicité un peu plus humains.”
Le hold up des littéraires sur l'économie digitale
Quand je parle des littéraires, je ne veux pas dire strictement “ceux qui ont suivi un cursus de lettres ». Je parle de tous ceux qui produisent du contenu (y compris du contenu vidéo qui est toujours scénarisé, écrit, en premier lieu).
Internet est le royaume des blogueurs, des youtubeurs, des instagrameurs… ceux qu’on appelle “les influenceurs”.
Ce qui prouve qu’ils sont devenus les maîtres, c’est que les marques essaient de les copier pour vendre leurs produits et leurs services. On appelle ça le social selling.
L’autre preuve, c’est que les GAFA (Google Apple Facebook Amazon) les courtisent et veulent absolument les avoir. Car le nouveau Saint Graal, c’est l’engagement.
Par exemple, sur Tao-Bao, un des principaux sites de ventes en ligne en Chine, les influenceurs ont leurs marques. Or, sur les 30 marques beauté/mode, 7 des plus importantes marques étaient celles d’influenceurs.
“Ces influenceurs sont en train de transformer des industries à plusieurs trillions [d’euros]. C’est un enjeu fondamentales de les avoir.” Thomas Owadenko
Youtube a sorti ses stories pour éviter de perdre des influenceurs au profit d’Instagram. Amazon les séduit avec un programme d’affiliation avantageux en leur proposant notamment de la data pour optimiser leur ventes.
Les influenceurs disposent d’une audience engagée. Comment l’ont-ils obtenue ? En offrant un contenu de qualité, pertinent et un bon storytelling.
Mon meilleur pote bouffe du code
Aujourd’hui, je travaille avec un geek sur le blog de Videotelling. Il s’appelle Dominique. C’est lui qui m’a enseigné les bases du SEO. Il m’a aussi fait découvrir des sites cools comme answerthepublic.com.
Dom m’a très souvent tiré des méandres du code. C’est lui qui a réalisé l’architecture de mon nouveau blog : papastories.fr. Bref, sans lui je serai un peu paumé.
Qui sait ce qu’un geek et un rat de bibliothèque peuvent faire ensemble ?
Nous avons une fascination pour la technologie. C’est compréhensible. Les voitures autonomes, les casques de réalité virtuelle, les chatbots qui vendent des assurances… c’est impressionnant.
Mais ce que je tente de dire, c’est que le contenant a besoin de contenu. Et vice versa.
Au lieu de les opposer, il faudrait plutôt célébrer l’alliance :
- du copywriter et du webmaster
- du data scientist et du directeur artistique
- du visionnaire et de l’ingénieur
- du poète et du financier
Moi, littéraire, devenu seigneur dans le monde digital
Je me suis réveillé un jour en prenant conscience que ce que je faisais avait de la valeur. J’ai animé un blog et mes articles ont ramené des clients à mon entreprise ! Je me suis rendu compte que Baudelaire avait raison quand il disait : “Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, — de poésie, jamais ?”
Ni les GAFA, ni le CAC 40 ne peuvent non plus se passer de littérature et de poésie. Je suis intimement convaincu que la vraie disruption dans le marketing digital n’est pas technologique. Elle vient de l’écrit. Elle est poétique !
Auteur : Mathias Savary